Beaugrand a écrit pendant
plus de vingt-cinq ans. Il n’est pas considéré comme un grand écrivain, mais on peut facilement comparer ses œuvres
à celles qui se sont publiées à Montréal et à Québec au XIXe siècle comme le dit François Ricard :
Si l’on met de côté les poèmes de
Nelligan, il est peu de textes canadiens-français de la décennie 1890 auxquel la chasse-galerie ne puisse aisément se comparer;
et dans le genre du récit bref, Beaugrand se situe certainement au même niveau que ses contemporains Français, Louis Fréchette
ou Pamphile Lemay, si ce n’est même au-dessus d’eux.
Que ce soit de l’écriture
journalistique ou de la littérature, sa production totale est passablement abondante et variée. On peut distinguer trois grandes périodes dans la carrière de Beaugrand : la première, de 1873-78.
Cette période est très intense
et plutôt courte. Il vient de s’installer en Nouvelle-Angleterre et avec l’ardeur d’un jeune écrivain, il
fonde ses propres journaux ( l’Écho du Canada et la République), crée l’association Montcalm qui aide au progrès
de la culture, et écrit plusieurs récits comme : Jeanne la fileuse et Liowata épisode de 1759.
Pour sa deuxième période d’écriture,
la décennie 1880, il revient s’établir au Canada. Il y fonde un autre journal appelé La Patrie et décide de consacrer
l’essentiel de ses énergies à la politique. Il s’occupe également de la publication d’un magnifique recueil
de plans et de cartes du Vieux Montréal. Comme auteur, il rédige quelques conférences et articles sur ses voyages autour de
la Méditerranée et dans le Mid-West américain.
Pour la troisième, les quinze
dernières années de sa vie, Honoré Beaugrand revient plus à la littérature. Il publie coup sur coup quatre livres : une
nouvelle édition de Jeanne la fileuse, Mélanges, Lettres de voyage et Six mois dans les Montagnes-Rocheuses. En 1891-1892,
il publie dans La Patrie cinq nouveaux récits dont La Chasse-galerie qui paraît le 31 décembre. Dans les années suivantes,
il traduit plusieurs de ses textes en anglais et écrit plusieurs autres récits comme La Quête de l’enfant-Jésus en 1893.
Enfin, dans les dernières années de sa vie, il réunit ses écrits dans trois petits volumes à tirage limité : la Chasse-galerie,
légendes canadiennes; La Chasse-galerie and Other Canadian Stories et New Studies of Canadian Folk Lore.
On peut donc retrouver deux
poèmes, des discours, des conférences, des écrits journalistique, comme ses récits de voyage, et la partie la plus intéressante
pour les lecteurs que nous sommes, ses textes narratifs :
…
et les textes proprement narratifs, qui demeurent, pour un lecteur d’aujourd’hui, la partie la plus intéressante
de l’œuvre de Beaugrand.
Ces derniers sont divisés
dans deux ouvrages : soit le roman Jeanne la Fileuse et des récits brefs que Beaugrand a réunis dans le recueil de La
Chasse-galerie en 1900. Il a même avoué dans un de ses textes d’adieu à ses lecteurs du journal Fall River : “
la littérature fut la vocation de ma jeunesse.”
Honoré beaugrand fut donc
un personnage important de notre histoire :
Il
n’est ni Maupassant, ni Mallarmé, ni Oscar Wilde, mais Honoré Beaugrand n’en mérite pas moins notre lecture. À
l’époque et dans le milieu particuliers où il lui a été donné de vivre, il a fait ce que tout écrivain s’efforce
de faire : écrire. Écrire dans cette époque et dans ce milieu, avec ce que époque et ce milieu lui offraient, et avec
ce que cette époque et ce milieu avaient fait de lui.